En re-regardant le classique de Disney, j’ai remarqué une structure omniprésente et très marquée. Les scènes joyeuses et positives, comme une père jouant avec son fils, y alternent avec des scènes négatives, tristes, comme la mort de ce père. Ce chaud-froid semble très efficace pour émouvoir le spectateur, et les films l’utilisant dans diverses mesures sont fréquents. Je me suis demandé comment elle fonctionnait.
Dans le roi Lion, l’alternance est permanente mais pas monotone. Elle commence biaisée du coté positif, avec des scènes négatives douces, simplement inquiétantes, comme la dispute Scar/Père de Simba. La gravité des situations monte en flèche mais de façon fluide : dispute avec Scar (inquiétude), excursion chez les hyènes (peur pour les personnages), et sommet avec la mort du père (chagrin non seulement du personnage, mais aussi et surtout du chagrin du spectateur).
L’alternance des scènes n’est pas stricte, puis par exemple la réflexion sur les étoiles et le soupir de Simba sont joints. Ce sont les sentiments qui alternent vraiment.
La partie centrale du film remplace la joie par des sentiments plus subtils, comme l’admiration de la beauté de l’univers (scène des étoiles) et l’amour Simba/Nala (Can you feel the love tonight). Cela permet non seulement au film de ne pas s’enliser, mais également de faire cobabiter du positif et du très négatif. La folie du singe Rafikki fait également partie de cette nuance, alliant le positif et le négatif en lui et y répondant par le délire.
En nuançant les sentiments dans une opposition plus riche que juste négative-positive, on évite que le lecteur se sente balloté de haut en bas. Enfin, la scène du voyage vers le rocher est positive (excitation) et se conclut par la scène négative de la dévastation du pays (choquante, triste). On bascule alors dans l’affrontement du positif et du négatif. (Maman/Scar, puis Simba/Scar). J’ignore comment classer ces scènes, mais il semble logique qu’elles constituent un maillon important d’une trame alternée, permettant à celui de marquer la fin. Il aboutit à une scène de victoire, et le cycle de la vie qui reprend.
La structure du Roi Lion, que je compte prendre comme modèle canonique d’alternance, se synthétise donc ainsi :
—Introduction, avec une alternance de scènes positives joyeuses et de scènes négatives douces, menaçantes.
— Crescendo, avec une alternances de scènes positives drôle et de scènes très négatives, triste et rageantes.
— Transition, avec une alternances de scènes positives réflexives et de scènes
— Conclusion avec les remous du choc des causes, et fin positive.
Si on devait interpréter la structure non pas vis à vis de sa positivité mais par rapport aux émotions, les quatre parties deviendraient :
— Bonheur/Crainte
— Joie/Tristesse
— Paix intérieure/Cupabilité
— Colère
Et enfin la joie finale, qui est la même que celle du début !