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Cette chanson de Danny Wiessner sonne très bien à mes oreilles, et pas seulement d’un point de vue musical, ni même graphique. C’est l’idée exprimée est très pertinente : « nous, gamers, ne jouons pas aux jeux dans le but d’en voir la fin, mais pour ce que nous retirons de chaque moment de jeu. » En vérité, cela n’est pas seulement vrai pour le jeu vidéo, mais pour toutes les narrations.
- La fin ne justifie pas les histoires !
Pourquoi révéler la fin d’un film n’en gache-t-il pas intégralement l’intérêt ? Certaines histoires sont tournées de façon à nous surprendre à la fin, et dans ce cas raconter la fin à un ami est plutôt mal vu. Mais dans l’immense majorité des cas, nous savons déjà comment finissent nos livres/films ou autres histoires : le monde est sauvé, ils s’aiment, ect…
En vérité, c’est de vivre ces histoires qui est important. La chanson le dit très bien. C’est de ressentir la peur, la joie, l’excitation de ce périple. Parfois nous partageons les émotions des personnages de l’histoire, parfois ce sont des émotions qui n’appartiennent qu’au narré de l’histoire.
(Le narré étant celui qui recoit la narration, qu’il soit lecteur, joueur ou spectateur. Par exemple, la fierté de voir un personnage s’élever. Dans un jeu, beaucoup plus d’émotions sont vécues uniquement par le narré, par rapport à un film.)
Il n’est pas, à mes yeux, très important de révéler la fin d’une histoire. Un bon film ou un bon livre ne trouve pas son intérêt dans les quelques secondes de sa fin : il est profitable tout du long. Et si nous aimons les histoires, c’est parce qu’elles nous apportent cette richesse.
Voilà ce que signifie, pour moi, cette chanson pour gamer, créé pour une émission d’IGN !
- Conséquences pour les histoires
Ceci s’applique en créant de l’émotion et en intégrant du vécu dans les histoires. En chaque point. Pas seulement en créant un fil à dérouler, une succession dont le but est d’arriver à la fin. Une bonne histoire, peut (presque) se prendre en n’importe quel point et se faire apprécier. Même sans regarder pas jusqu’au bout, on en aura retiré quelque chose. Du vécu humain, ou de l’émotion.
C’est pour cette raison, à mon humble avis, que beaucoup de livres saisissants ont des fins décevantes, que l’on perçoit comme incomplète : la fin n’est pas une fin en soi, dans une histoire. L’auteur l’a donc traitée en dernier, et peut-être parfois un peu bâclée.
Ou, comme le dit la chanson :
At the end of it all, gamers play what we play, not for game over, but rather for what we take away ! The world is saved, but who cares ? We both know that that’s not what you came for.
(Pour plus à ce sujet, j’avais écrit un article un peu plus détaillé nommé : Le but de la narration, abstract.)
P.S. À mon avis, le clip fait fortement penser à Shadow Of The Colosseus, un jeu qui a tout à fait les épaules pour supporter ce discours, étant à la fois poétique, grandiose et jouissif.