Je suis en Afrique.

Atelier d’écriture : “Le participe passé. Impression que l’action est déjà accomplie quand on en prend conscience.” ; “Un souvenir d’un moment étranger, marquant”. Ecrit vers 2016 je crois, mais les évenements décrits datent des années 2000.

Je suis en Afrique

Le car s’est arrêté. Le guide nous a fait descendre. La brousse s’étendait à perte de vue. Ce n’était pas un lieu touristique. Il nous avait emmenés voir sa famille.Les maisons du hameau étaient en terre séchées, du même jaune que le sol de terre battue. Je n’ai d’abord vu personne, les habitants devaient être dans leurs maisons, abrités du soleil. Nous, français, nous sommes mis à transpirer. Manon, la blonde du groupe, s’est couvert la tête. Son châle était bariolé. C’était la plus jolie de toutes. La maison du guide se trouvait une rue plus loin. Il a franchit le portillon et cinq ou six enfants aussi noirs que lui jaillirent de la maison pour venir à sa rencontre. Leurs vêtements étaient déchirés et ils aillaient pieds nus. Certains de mes camarades se sont joints aux effusions. Les enfants se sont mis à rire.Il n’y avait pas de porte au bâtiment, mais à cause de l’intensité de la lumière tropicale, rien n’était visible à l’intérieur. Nous sommes restés dans la cour.J’ai attendu pendant que notre guide conversait avec sa femme et nos moniteurs. J’ai supposé qu’il avait eu besoin de quelque chose chez lui. Il avait donc détourné notre caravane pour cette halte. Il voyageait avec nous depuis une semaine et continuerait pour une autre semaine encore. Peut-être apportait-il l’argent gagné.Certains des adolescents venus avec moi ont rejoints un groupe d’autochtones qui chantonnaient un peu plus loin. Je suis resté là.

J’ai regardé le muret et je l’ai touché. Sous mon doigt, la terre feuilletée s’est effritée. C’est ce souvenir précis qui m’est le plus net : le mur de boue, de matériau si brut, si basique, sodifié par la lumière si intense. Une construction qui n’aurait pu exister chez moi, une construction comme sur une autre planète.

J’ai regardé autour de moi. C’était une rue. Il faisait chaud, et à ce moment j’eus envie de retourner dans le car. Il n’y avait rien à y faire, mais en roulant je pouvais regarder défiler les couleurs vives du paysage. La rue ici était immobile. Je me dis que c’était une rue comme en France, mais autre. J’étais au Mali. La meilleure preuve en était les longues heures d’avion que j’avais dû subir pour venir jusqu’ici. C’était bien que je connaisse l’Afrique.

Après avoir attendu, on nous a fait signe et nous sommes repartis.