(Prise de notes ce 20 avril 2021, pour introspection principalement.)
Quand j’étais en primaire, vers 8 ou 9 ans, nous avions des cours de musique. Avais-je avant cela une relation particulière avec la musicalité ? J’aimais la comédie musicale Emilie Jolie, celle du Roi Singe ; j’en chantais les paroles. Mais à choisir, je m’intéressais davantage à l’astronomie. J’avais sur mon bureau un grand sous-main imagé du système solaire, qui disait que le coeur du soleil était à 15 millions de degrés Celsius.
Un intervenant vint un jour à l’école avec une guitare. Je n’ai pas retenu de détails, juste qu’il avait joué, les doigts courant sur les cordes, les élèves assis en tailleur autour de lui, avec le soleil qui inondait la petite salle joyeuse. Nous avons travaillé une chanson dont je ne me souviens pas, à propos d’une vahiné qui faisait tourner sa robe de fleurs.
De retour chez moi, à partir de la feuille des paroles, je me suis amusé à réécrire la chanson. Au lieu d’une jeune fille, c’était une petite planète qui tournait, sa robe s’était muée en anneaux, sa danse était autour du soleil. Je me suis appliqué à respecter les rimes.
Très fier, j’ai montré ma chanson à la maitresse. Elle a eu un mot positif. Quelque chose comme “ah, c’est bien”. Elle devait être occupée , elle ne s’est pas attardée. J’ai été déçu. Pour les deux décennies suivantes, je me suis considéré incapable en musique, étranger aux choses du rythme et de la prosodie, nerveux à l’idée de devoir découper en syllabes, fuyant face à une partition. Pour diverses raisons,s ans doute bien d’autres que celle-ci. Mais de cette déception-ci, je me souviens en tout cas vingt ans après.
Fabien NICOLAS, 20 avril 2021