C’était le représentant du personnel, un grand archange aux ailes immenses, qui volait systématiquement au secours de tous les anges-ouvriers maltraités par les anges-managers.
— Boss, à propos des croyances que l’on file aux êtres conscients, il y a des points dont il faudrait que l’on parle.
— Exprime-toi mon enfant, et tu seras entendu, murmura tranquillement le grand berger.
L’archange sortir un gros dossier de la sacoche qu’il transportait sur son aile gauche. Le portant à ses yeux vieillissants, il fronça les sourcils en s’efforçant de lire ce qui y était inscrit. Mais embarrassé, il lisait trop vite et sans articuler, et ses mots se perdait dans la brume de l’aube universelle.
— Alors… le personnel unifié de… confrérie en charge du magnétisme, la confrérie en charge de la gravitation… sa seigneurie… pleine responsabilité… la lumière fut…
— Parle plus fort mon enfant, tu sais bien que je suis devenu un peu sourd, a cause de tout ce temps que cela nous a pris de construire cet univers. Je n’entends plus les croyants prier ma divine personne à présent.
— Hé, ce n’était pas notre faute si cela a prit longtemps! s’exclama l’archange, sur la défensive.
— vous aviez dit sept jours, continua-t-il, on a mis sept jours. Vous aviez qu’à penser avant, que créer le premier jour en fabriquant le soleil ca prendrait trois cents millions d’années. Enfin bref. En gros voilà, les gars et moi on a fixé les dernier problèmes, là, avec les veilles étoiles qui s’effondrent, le temps qui s’effiloche au niveau quantique et puis la vitesse de la lumière qui dépend de l’observateur.
— C’est parfait mon enfant. Je me réjouis de savoir que la mécanique bien huilée de notre univers pourra tourner sans aide maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles !
— Bah les galaxies finiront par être bouffée par des gros trous noir, et puis au final la matière s’évaporera en bruit complexe, alors faut quand même espérer que les êtres conscient trouveront comment se barrer avant hein. Mais bon, c’est pas notre problème. En fait, ce qui nous gêne, c’est ce que vous allez leur raconter.
— Mais nous leur dirons le vérité mon enfant, voyons ! Nous leur inculquerons tout de l’admirable travail que vous avez effectué, de l’immense effort qui a permit à leur univers d’exister.
— Ben justement…
L’archange reprit son document et le parcourut des yeux, embarrassé.
— Il est écrit là qu’il vont détourner les lois de la physique pour se faire la guerre, inventer des poisons, des armes, des tortures diverses et variées… ensuite ils bousilleront leur planète, émigreront dans l’espace et recommenceront avec d’autres mondes… pour finir ils s’en mettront sur la gueule partout dans la galaxie et la feront sauter, paf, y aura pu que des débris boss.
— C’est bien triste, mais c’est leur libre arbitre mon enfant.
— Oh ouais. Nous on s’en fout hein. C’est juste que dans le contrat, y a marqué qu’ils sauront tout de la création, que nous on est, je cite “à égale partie avec le Tout-puissant, les acteurs de la création, qui ont fixé tout ce qui est bien et ce qui est mal dans l’univers”. Nous on veut pas de ça. Ils sont horribles ces types, si vous voulez les créer, c’est votre responsabilité mais, nous on veut pas que nos noms apparaissent.
— Mais mon enfant, il faudra bien leur expliquer d’où ils viennent, et leur dire combien nous les aimons !
— Ben justement, nous on les aime pas. Alors on a préparé une version alternative de ce que l’on leur dira, un truc moins blessant. On vous propose de l’approuver.
Il tendit une grosse liasse de papier au divin créateur.
— Mais quelle est l’idée de cette version ? demanda celui-ci, en survolant les pages sans les lire.
— Ben…
L’archange lui reprit le première page et la commenta pour son chef.
— Par exemple au début, au lieu de leur dire ” Et dieu dit : que la lumière soit, et alors tous les ouvrier partirent sur son ordre créer la lumière”, on mettra juste ” Et dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut”. C’est plus simple, et nous on aura pas d’ennui.
Le tout puissant était séduit par cette idée. Elle le mettait particulièrement à son avantage.
— Mais croiront-ils vraiment une fable pareille ? Ils se douteront bien que je n’ai pas pu inventer un univers aussi compliqué tout seul.
— Bah vous êtes le “Tout-puissant” après tout, c’est ambigu.
— Mais je peux tout faire parce que j’ai une armée illimité d’employée qui se lèvent à l’aube !
— Oui, oui, peut-être. Mais bon, nous on veut pas être cités, alors voilà quoi. On a tout préparé, vous avez juste à signer là.
— Votre idée de me plaît, mais… ce ne serait pas très honnête envers ma création, de m’en attribuer tout le mérite, si.
— Bah chais pas. On a pensé dire que vous étiez aidé par des forces invisibles, mais au bout du compte on se disait que ça vous ferait passer pour un assisté.
— Tu as raison ! s’exclama le grand architecte, et l’archange comprit qu’il avait réussi à convaincre son patron.
— Allons, donne-moi ça, dit le Tout puissant en saisissant le fatal projet. Et il y apposa sa signature.