Jeune Fabien

Cours Agnès, Séance 16 : Vers l’autobiographie

— Scrabble crépusculaire
la le les ce si
lire écrire ailée relais crépu plus pluie pelée place pile sire sale élu
clair esprit clap lac acier lueur repli rue raie élu
pris lier

Ecrire à la lueur de la pluie, peler l’acier crépu et sale, l’esprit plus clair, par un repli des ailes sur le lac, sur la place des sires élus.

pelure, circuler reliure capsule crepe cercle pulser

— Ecrire avec le corps

Dans le jardin de mon père il y avait, aussi, ma mère. Elle s’allongeait dans la chaise longue et, tandis qu’il suait sous l’effort du jardinage, elle profitait du soleil d’été. Les haies grandissaient chaque année et mon père revenait découper les feuilles grasses, sectionnant les volumes informes pour retrouver un semblant d’ordre et de géométrie. De l’autre coté, le barbecue de pierre servait d’appui à nos réserves de bois pour l’hiver, un empilement plus où moins précaire de bûches donc la seule vue me faisait frémir, à l’idée du travail éreintant que demandait chaque nouvelle livraison. Je ne crois pas que je faisais vraiment le lien entre ce bois si désagréable et le plaisir des flammes qu’il apportait en hiver, loin de là, dans l’âtre de la cheminée du salon. Chaque centimètre du jardin avait pour moi été le lieu d’une corvée de bêchage, de transport, d’arrosage ou d’une autre tache douloureusement inscrite dans ma mémoire d’indolent.

Souvent aussi, ma mère n’était dans le jardin que par la fenêtre grande ouverte de la cuisine, libérant les odeurs de cuissons. J’étais bien content lorsqu’elle m’appelait pour mettre la table, car disposer les couverts sur la terrasse me soustrayait aux taches ennuyeuses que mon père m’imposait dans le reste du jardin. Souvent, il s’installait un hamac entre deux petits arbres et piquait un roupillon ; un loisir que je ne comprenais pas, le jardin restait pour moi un lieu de travail, un lieu de quelques jeux, mais certainement pas un lit douillet où j’aurais prit plaisir à me reposer. Pour mon père, le jardin était l’écho d’un travail bien fait, et s’y trouver constituait une récompense en soi.

Au fond de cette espace de verdure, une cabane trônait, terriblement imposante. Une multitude d’outils étrange s’y entassaient, mais même dans la pénombre ils étaient moins effrayant, que les multiples toiles d’araignées et les énormes créatures qu’elles impliquaient. Ma peau frissonnait à l’approche de la porte, donc la lourde clé risquait de déchainer d’innombrables mais pernicieux assaillants. A mesure que je grandissais, l’inquiétude diminuait mais la cabane rapetissait et je me rapprochais de plus en plus des des étagères supposément grouillante d’une vie noirâtre.

douloureux, mais quoi ? terre sur les doigts, cloques…

Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy
barrico ocean

Qu’est ce qui me différenciait d’un autre enfant ? Etait-ce mon visage rond, mes cheveux en bataille ? Etaient-ce les vêtements choisis sur des critères purement fonctionnels par mes parents ? Peut-être une étincelle au fond des yeux, peut-être une ignorance tout particulière de mon apparence extérieur, une coquille ensevelie du dedans par des montagnes d’imaginaire. La seule excroissance visible était le livre dans ma main, relié d’un vert vif, dans lequel je m’immergeais alors même que j’étais trainé au coeur d’une forêt, dans les recoins de Fontainebleau pour la randonnée mensuelle.

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